Il nous faut raviver l’esprit du CELIB
Par Arnaud PLATEL, conseiller municipal de Plomelin (29) et secrétaire fédéral du PS 29.
Dans un courrier adressé à Emmanuel Macron et publié dans Le Journal du Dimanche du 17 janvier dernier, 150 élus de Loire-Atlantique et de région Bretagne demandent au président de la République l’organisation d’un référendum sur la réunification de la Bretagne.
Plus que l’identité des signataires de cette lettre, il nous faut retenir leur diversité idéologique. La plupart sont en effet membres de partis politiques, certes différents, mais qui ont tous contribué à faire de la Bretagne ce qu’elle est aujourd’hui : une région sortie exsangue de la Seconde Guerre mondiale et devenue une des plus dynamiques d’Europe. C’est donc avec l’esprit du Comité d’étude et de liaison des intérêts bretons (CELIB), du nom de cette instance créée à Quimper en 1950 et qui finira par rassembler 150 personnalités de tous bords pour réfléchir aux moyens de faire se redresser la Bretagne, que le combat pour la réunification se mène.
C’est celui qui devra aussi se poursuivre, dans le respect de nos convictions et de nos histoires militantes singulières, sur d’autres sujets qui intéressent l’avenir des Bretonnes et les Bretons : la transition écologique, la relance industrielle, la décentralisation et la reconnaissance de nos langues. De la même manière que leur défense commune des intérêts de la Bretagne n’empêchait pas le centriste René Pleven – président du CELIB jusqu’en 1972 – et le socialiste François Tanguy-Prigent de s’affronter lorsque leurs choix de société respectifs étaient en jeu.
Toutefois, il est une autre ambition qu’un nouveau CELIB devra se donner en cette période qui plonge trop de nos concitoyens – bretons ou non – dans l’inquiétude et la détresse : inspirer la recherche transpartisane de réponses à la crise actuelle. Et ce avec l’objectif de parvenir ensemble, au mépris de nos querelles politiciennes et avec pour seule boussole l’intérêt général, à donner à notre société le lustre d’un « monde d’après » prospère et tourné vers le collectif. Que ce soit au travers des mesures sociales visant à réduire les inégalités qui ne cessent de se creuser et des mesures économiques favorisant une autonomie stratégique qui nous fait aujourd’hui défaut.
Le général de Gaulle déclarait lui-même lors de son Tro Breizh de 1969 que « ce que le CELIB a fait en Bretagne, il faut le faire dans toute la France ». C’est donc munis de cette confiance et de cette responsabilité que nous, militants de la Bretagne, devons raviver l’esprit du CELIB et le diffuser hors de nos frontières. À ce titre, les initiatives lancées par les associations « Bretagne réunie », « A la Bretonne » et « Breizh Civic Lab » pourraient être les prémices de ce projet.
Le courrier adressé à Emmanuel Macron pour le rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne dépasse donc cette question. Parce qu’une réponse positive de sa part créerait non seulement un débouché démocratique à une demande citoyenne maintes fois exprimée mais serait aussi une reconnaissance de la possibilité de porter des combats transpartisans, le président de la République ne peut pas nous mépriser. D’autant plus dans un contexte qui nécessite une « union sacrée » contre un virus et ses conséquences économiques et sociales d’abord et contre la montée des populismes ensuite.
À nous signataires, fiers de nos appartenances politiques diverses qui justifient notre confrontation sur certains sujets mais plaident pour notre entente sur d’autres, d’insister sur ce point et de faire de notre région un modèle de maturité politique. Pour une Bretagne enfin réunie. Pour une France plus que jamais résiliente.